samedi 18 décembre 2010

Cérémonie et retrouvailles

Cérémonie et retrouvailles. 


La cérémonie se déroule à l'école Val Père Jacques, au dessus d'Antelias, sur les contres-forts de la chaîne de montage du Mont Liban.
Sous une pluie battante, nous arrivons dans cette école, gracieusement mises à disposition par les soeurs Franciscaines de la Croix du Liban,  oeuvrant dans le respect de principes légués par son fondateur, le père Jacques Haddad. 

Quelle joie de revoir les instructeurs après deux ans et demi. Accolades, sourires généreux, souvenirs de moments partagés en cours font resurgir de fortes émotions.

La cérémonie commence par les hymnes nationaux. C'est con mais ce mélange de solennelle et d'émotions fraichement remuées me donne des frissons. Jamais l'hymne national m'avait fait pareil effet. Conjugués avec les remerciement de l'ambassadrice de Suisse au Liban et le représentant du ministre de la santé, j'ai eu la sensation  d'avoir dignement servis les intérêts de mon pays.  En rentrant c'est promis j'apprend les paroles dans les quatre langues nationales.

Place aux discours officiels. Je réalise alors que la synergie entre l'ensemble de nos compétences (libanaise et suisse), des ressources financières, de la motivation des instructeurs, du travail de coopération entre le CICR et la Croix Rouge Libanaise, l'expérience de l'école de soins ambulanciers a donné naissance à un projet unique. Sa portée dépasse déjà  les frontières de nos deux pays. En effet Olivier Hagon l'a souligné lors de son discours, une des composante de ce succès c'est d'avoir tenu compte des particularités locales et non d'exporter un cours tout fait. 


Il parait logique d'apprendre aux pêcheurs à pêcher plutôt que de gonfler les filets de poissons par miracle si on vise l'autonomie (source : Jean 21.1-25).  Pas très bon pédagogue ce Jesus non ? 

Là dessus on avait vu juste. 

La remise des diplômes 
Tous vêtus de leurs nouvelles tenues d'instructeurs, sauf Nabih qui pour des raisons techniques que je ne dévoilerai pas ici, arborait une vielle combinaison collector, d'un orange délavée évoquant un certain nombre de missions, ils défilent, avec un grand sourire pour aller recevoir leurs diplômes.
C'est à cet instant que se matérialise tout ces efforts conjoints.




Tel est prit qui croyait prendre !

On croyait créer la surprise en venant de manière inattendue. Mais les Libanais ont une capacité à retourner la situation avec une classe rare. 

Le secouriste, responsable d'introduire les différentes personnalités, reprend le micro et annonce : « Pour mener à bien ce projets il fallait des guerriers  ». C'est vrai en tant que genevois, notre expérience militaire de 1602, nous donne un statu d'expert en la matière.
Olivier Hagon, Béatrice Crettenand, Lionnel Dumont sont appelés à monter sur le podium pour recevoir un trophée en remerciements de leur investissement.

Marie Hélène et mois sommes venu à cette cérémonie de manière non officielle, à nos frais, dans un esprit proche de ces volontaires, prêt à payer de leur poche l'essence pour faire rouler les ambulances (ça été le cas en 2006, cf. La croix des années rouges de Nadim Abboud  ).

Alors être appelé sur le podium pour recevoir un magnifique trophée en guise de remerciement de notre travail, fini de m'achever. Ceci sous le regard amusé de Rachelle et Dianna, scrutant notre réaction.
Merci !



... le plus dur reste à faire.

Nabih discute suite du projet. Certes cette cérémonie est une étape importante. Mais il reste « plus que » 2000 secouristes à former. Un long travail d'unification de doctrine, à faire pâlir la suisse si hétéroclite. Mais l’enthousiasme de l'ensemble des partenaires semble à toute épreuve pour relever ce défi.



Florian Ozainne

Article de la DDC

samedi 11 décembre 2010

Boucler la boucle !

Il y a deux ans et demi le premier cours, mémorable par la grande qualité de l'anglais de l'orateur, était donné dans une salle de cours sur climatisée de l’hôtel Monroe.

Spears 101
Une des prétention d'un enseignant c'est d' influencer un comportement dans le but de le rapprocher du prescrit tout en tenant compte du contexte dans le quel il est sensé se produire.

Après quelque jours de cours, nous nous étions rendu compte qu'au delà du prescrit, il y a l'humain.
Et que comme souvent dans ce genre de projet, ce sont les enseignants qui apprennent le plus.
 « Enseigner c'est apprendre une seconde fois » J. Joubert. 

Pour ma part j'ai appris trois fois tant les échanges furent riches.

L'objet de ce voyage, non compensé en Co2, est de participer à la remise des diplômes des formateurs. De l'idée de départ (cf. Cours de méthodologie ESAMB, semaine 38, slide 3) jusqu’à la remise de diplôme c'est boucler une sacrée boucle.
Une hospitalité toujours imbattable !
L'enseignement a ça d'ingrat. De l'idée de formation jusqu’au développement réel de la compétence opérationnelle, il y a un nombre considérable d'étapes, d'heures de cours, de répétitions, d'opérations de transformation, d'abstraction qu'il est parfois difficile d'obtenir satisfaction tant l'objectif paraît se dérober dès qu'on s'en approche. Apprendre est un processus qui prend du temps, qui prend son temps. Enfin ça dépend des gestes appris évidemment. (cf. courbe d'apprentissage)

Venant d'une profession (Ambulanciers) où la règle du jeu est l’immédiateté, chaque décision, chaque choix produit un effet mesurable dans les minutes suivantes (p.ex une giclée de fentanyl lors d'une fracture de la jambe) ou parfois à plus long terme (p.ex l'aspirine lors de DRS évocatrices = 23 % d'augmentation de survie à 1 an... cqfd), l'enseignant doit faire preuve de patience et ne pas perdre de vue l'objectif final (d'ou l'important d'en formuler, même si c'est chiant).

Dans l'enseignement, entre l'idée d'agir et un taux de succès satisfaisant, il peut se passer plusieurs mois, voir années.

Participer à cette remise de diplômes n'est pas qu'un moment festif, petits fours, caviar et champagne (merci à l'ambassade de Suisse pour ses Ferrero Rocher). Ceci constitue une preuve de l'acquisition de compétences nouvelles (ou pas ! Leurs acquis étant déjà impressionnants). Le salaire moral du prof !

Soyons clairs, le gros du job ce sont les secouristes et formateurs qui sont entrain de le réaliser.

Alors à 2h00 du début de la cérémonie, mes pensées vont à tous ces volontaires, pour leur travail et investissement désintéressé.

Florian Ozainne