lundi 21 juillet 2008

Au delà du devoir...


Difficile d'exprimer cette journée de jeudi. Après quelques heures de travail en groupe, nous sommes dispatchés dans différente station pour effectuer un stage d'observation. A vrai dire , ça été plus une leçon magistrale !

Dès l'arrivée dans nos stations respectives (pour moi c’est Jounieh), juste le temps de visiter les locaux que déjà, un puissant Klaxon, façon Renault 5, retentit. Rachel, mon ange gardien du jour, me conduit dans la salle ou les appels du 140 (équivalent du 144 en Suisse) arrivent.

Première intervention:
L'appel reçu : probable accident vasculaire cérébrale (AVC) chez un homme de 50 ans.

Notre ambulance est un Volskwagen T4. Le collecteur d’échappement semble avoir souffert ce qui donne un petit bruit d’échappement « compétition » assez sympa.
A ma grande surprise l’ambulancier (ici c’est le titre que porte la personne qui conduit…) cire « ceinture » !
Dire qu’on doit parfois se battre avec des collègues pour qu’ils attachent leur ceinture ! Là je suis soufflé .

Rachel obtient des informations supplémentaires à propos du patient. Avec un grand calme qui la caractérise, elle m’explique la situation, notre destination ainsi que quelque subtilité d’ordre toponymique : il n’y pas vraiment de numéro de rue et parfois on tourne un peu en rond avant de trouver la bonne adresse.

L’interprétation du code de la route est assez libre. Ceci donne une dimension intéressante à la conduite en urgence. C’est à ce moment que je commence à comprendre le sens du slogan des volontaires libanais : au delà du devoir ! Prendre des risques, sur son temps libre, pour aider les autres. Et là on est en temps de paix !



L’évaluation du patient met en évidence des céphalées intermittentes. De loin, sans comprendre ce qui ce dit, ça ressemble pas trop à un AVC.
Rapidement (moins de 5 minutes) l’évaluation est bouclée, le patient placé sous oxygène et un secouriste s’occupe de préparer l’évacuation.

Durant le transport, Rachel me fait part de ses doutes quand à la probabilité d’un AVC. Bonne expertise clinique pour un volontaire ! non ?

Cette intervention a duré 30 minutes (entre la réception de l’appel et l’arrivée à l’hôpital). Ceci en tenant compte du fait que nous avons du être guidé pour arriver sur le lieux de l’intervention, que la fluidité du trafic n’est celle qu’on connaît et que l’évaluation du patient à été réalisée devant une bonne quinzaine de personne qui utilisait comme principale mots « yalla, yalla » ( en gros : allez y maintenant, dépêchez-vous, vous foutez quoi … Les gestes qui accompagnent ces mots rend l’interprétation facile pour quelqu’un qui ne parle pas arabe).

Je passe en revue les différents éléments de cette prise en charge, rapide, évaluation circonstanciée, gestes de bases adaptés à la situation du patient, hypothèse sur l’origine du problème du patient me semble correcte… Je commence à me demander ce qu’on va bien pouvoir leur apprendre.

En plus des sorties en ambulances, les secouristes dispense gratuitement des soins à la population du quartier. Une jeune secouriste (moins d’une année d’expérience, qu’on nomme dossard) s’occupe d’un jeune homme souffrant de dermabrasion et probablement une entorse de la cheville. Je suis frappé par la dextérité acquise en si peu de temps, notamment pour plier des compresses stériles servant à la désinfection des plaies. Et puis ce qui me touche c’est le cœur que met « Fanta » (ici tous les secouristes ont un nick name, un peu à l’image du totem scout) à réaliser ce soins.



Quatre autre interventions rythme notre journée. Le dernier appel est pour une intoxication collective sur un chantier. Sept ouvriers ont bu de l’eau et souffrent maintenant de fortes douleurs abdominales et vomissent. A quelques minutes du lieux d’intervention, la centrale annule la mission et nous informe qu’ils ont été transporté par une voiture. A ce moment on croise une Mercedes bondée comme la tram 12 aux heures de pointe. Ça doit être nos ouvriers !

Je suis extrêmement touché par le dévouement des secouristes. Travail la journée, volontaire la nuit… je ne sais pas ce qu’il mange mais il ont une sacrée endurance.

Comme si soigner des plaies, intervenir en ambulance ne suffisait pas organisée sur le thème de la défibrillation (AED). Là je dois dire que je suis jaloux ! Ayant été q, ce soir une formation estuelques années responsables de la formation continue d’ambulances services, je n’ai que très rarement réussi à avoir autant de monde pour un cours. Une quarantaine de secouristes suivent attentivement ce cours dans une ambiance détendue propice à l’apprentissage.

J’ai également appris le sens du mot hospitalité. Depuis que nous sommes là, je n’ai pas encore réussi à payer une tournée.
Le partage du repas du soir est encore un moment d’échange, de franche rigolade entre des gens dont je perçois la consistance des liens que tisse le vécu commun de situations extrêmes.
Ce moment permet également à la cheffe de station de distribuer, de manière très démocratique, les missions pour la nuit… 3 transferts entre des hôpitaux attendent.


Merci aux secouristes de la station de Jounieh pour leur hospitalité et pour ces moments qui resteront gravés à jamais dans ma mémoire.


Florian





2 commentaires:

Anonyme a dit…

Félicitation pour tout l'entousiame, et j'envoie par la voie des airs plein d'encouragement et de bravo.
et merci pour cette fenêtre ouverte sur l'âme d'une équipe et les leins qui la soude.
maya

Anonyme a dit…

Merci d'avoir pris du temps pour nous conter vos aventures... même si j'aimerais beaucoup en savoir encore plus !
En tout cas ça aura permis de nous réjouir pour le module trauma... et de nous angoisser un peu plus aussi...

Bravo à tous et on espère pouvoir bénéficier de vos expériences pour que l'on soit également prêt pour novembre.

Bon retour.

Laurent