vendredi 22 juillet 2011

Examens BLS - AED. Station de Baabda.

Examen pratique vu d'un caquelon...
En un peu plus de 70 heures, les futurs dossards ont reçu les bases nécessaire pour pouvoir être intégrés dans leur station. Aujourd'hui les examens portent sur la réanimation. Mafi pouls ? (pouls présent ?). C'est assez facile de suivre une conversation médicale entre Libanais. En effet certain termes médicaux sont pas faciles à traduire en arabe. Dans la conversation se mélange alors l'arabe, l'anglais et le français.
Pour faire plus couleurs locales, ils ajoutent à la fin des mots français l'extension "ette". Brancarette, ceinturette, canuelette (Guedel), cobayette (figurant jouant le patient, le cobaye), Kaëgi Frette, fourchette ... le tout avec une intonation très chantante. Comment résister à ce doux mélange ?
Examen théorique

Une des difficultés pour les candidats, réside dans l'apprentissage de ventiler à l'aide du ballon AMBU. Leur statu de secouriste pas expérimenté et peu entrainé rend par défaut la maîtrise de ce geste ardue. Mais leur parcours de formation n'est pas fini. La prochaine étape se nomme VISA 1. Il s'agit de retravailler les techniques apprises mais surtout de tester et développer des compétences dites non techniques (non technical skills).
Révision de l'évaluation du patient.

Vie en communauté, travail de nuit, privation de sommeil, jeux permettent aux responsables de la station de "tester" l'endurance, les compétences sociales de leur futurs recrues. Après ce week-end ils deviendront dossards, sésame pour "monter" sur les urgences. Puis neuf mois de pratique sur le terrain, le VISA 2 et enfin l'accession au titre de secouriste est possible.
L'examen se déroule bien. L'équipe des instructeurs est bien rodé à l'exercice. Trois participants sur 26 seront à retester demain.

jeudi 21 juillet 2011

Nuit à la station Furn-El Chebbek 103


Assez bavardé, place à l'observation sur le terrain. Dans un quartier à haute densité de population, ou les immeubles de 15 à 20 étages, sans ascenseurs, avec des cages d'escaliers très très étroites constituent un vrai challenge (voir un vrai cauchemar) pour les secouristes lors de l'évacuation des patients. L'hospitalité libanaise va encore frapper. A peine arrivé, tout est fait, naturellement, pour faire honneur aux hôtes. Et rien d'extravagant, pas de grande théorie ou discours fleuve. Simplement un verre de Pepsi (boisson officielle du secouriste), une visite de la station, quelque mots sur la raison de notre présence. Puis rituel de la répartition des équipes et commande du repas du soir.


Urgence, urgence ! Hypodrôme, malaise, vomissements et hyperventilation. Pour une fois on part pas avec un VW T4 mais les nouveaux Nissan (modèle standardisé dans le pays... si on faisait ça en Suisse, autant dire que c'est la guerre civile dans l'heure). Huge, qui doit bien mesurer 2 mètres, "s'installe " au volant. Ses mains (le double des miennes) relègue le volant d'une taille pourtant normale à l'état de riducule guidon de Peugot 103. Ceinture OK ? Et merde, je suis au fond de l'ambulance et la ceinture est utilisée pour tenir des attèles. Pas OK répond Hyper (chaque secouriste à un surnom. En cas de conflit, la neutralité de la Croix Rouge Libanaise leur permet d'intervenir avec toute les parties. Les surnom évite l'identification de l'origine (ethnique ou religieuse; et il y a 18 religions différentes au Liban) du secouristes). Je me déplace car tant que nous sommes pas tout ceinturés on ne roule pas.Et c'est pariel en charge avec le patient... (Et nous ? Allons-nous mettre ces superbres ceintures 5 points dans nos Ford tout neuf ?).

Slalom sur le boulevard qui mène au musée nationale puis nous entrons sur l'hypodrome. Malgré la clim' a fond, il fait un cuite infernale. S'ajoute la poussière des pistes pour les chevaux soulevée pas l'ambulance. C'est immense. Comment va - t - on touver le patient ?
On se dirige vers des spots multicolores pour le lightshow d'un concert qui aura lieu dans quelques jours.
A cind dans l'ambulance, autant dire que l'évaluation du patient est bouclée rapidement. Le chef d'équipe prend des informations auprès des témoins, le secouristes évalue le patient, les dossards ( les bleus dont je fais partie ) mesure la tension, la SpO2 et administre de l'oxygène.
Pendant ce temps, l'ambulancier (dénomination de celui qui conduit, mais qui est un secouriste expérimenté) prépare la relève. L'affaire est pliée en 5 minutes sur site. 15 minutes à l'hôpital. Ca c'est du bon BLS provider !

De retour à la station, la TV s'éteint. Le chef d'équipe nous invite à nous joindre à la séance de début de permanance. Commuications du comité de direction de la station, passage en revue des heures d'arrivée (histoire de faire comprendre que la ponctualité à une importance quand bien même vous êtes volontaires) puis je crois réver. Une chose impensable en Suisse se produit ( en plus d'avoir déjà éteint la TV )
les secouristes passent en revue les cas de la journée. Ils partagent leur expérience sur les difficultés rencontrées, sur les stratégies choisies pour la relève du paitent etc. Puis on évoque quelques pistes sur la probale pathologie dont souffre le patient. Le tout est strucuré, utile (pas genre colloque infirmier en psyger ou ça s'étalle pendant des lustres sur la formes et couleurs des selles... ).

Puis viens le cas du patient de l'hypodrome. Une discussion sur le choix de l'oxygènothérapie s'engage. Arguement, contre argument. Je pensais pas qu'on pouvais se poser autant de questions sur le sujet. Quel soucis du détail ! Mais l'art ambulancier est là. Plus on nous délègue de gestes plus on s'éloigne de l'essentiel. De fait on se perd dans des discussions stériles du genre fallait-il faire un 15 dérivations avant de donner de la TNT à ce patient ?
Bref, au-delà du sujet, c'est la posture, l'attitude adoptée par ces secouristes qui m'émeut. Le partage d'expérience, à chaud, permet aux dossards de bénéficier de l'expérience, de l'analyse des secouristes plus expérimentés. Je leur donnerai mon carnet IAS après la permanance.

Un grand merci à toute l'équipe, pour ce court moment passé en leur compagnie.

"Le premier entre les égaux"

mercredi 20 juillet 2011

Séance pédago bis.

Les instructeurs se réunissent une fois par semaine pour expédier les affaires courantes. Il ne s'agit pas de faire de la colloquite aiguë improductive mais bien de faire de l'avance. Bon : " on a une petite question à propos de l'immobilisation" ? Et c'est repartis. J'espère simplement qu'on va pouvoir y répondre sans trop passer pour des con...sultans. Peux-t-on immobiliser un patient souffrant de lésions du rachis sur les nouvelles civières à aubes (Ferno). Tentant de redorer mon blason d'expert Suisse, je tranche catégoriquement : non !
Et là, Charbel me glisse une étude de l'American Journal of  Emergency Medecin, de 2010, avec toujours ce sourire qui mélange malice, défiance, respect et classe, étude qui conclue à l'efficacité de la méthode comparée avec le log roll classique (même si le résultats n'est pas statistiquement significatif, et qu'il s'agit de volontaire sains). Sur mon flanc droit, Zeina dégaine les arguments du constructeur, qui en garantit l'utilisation pour l'immobilisation (et avec les procédures de validation d'utilisation de matériel médicale américain ça m'évoque que ça n'a pas du être fait à la légère). Puis Nabih ajoute des arguments du praticien de terrain. Notament sur le gain de temps, le peu de mouvement du rachis que cela engendre et la sensation de confort. Et paf prend ça !
Je suis ici en formation continue ou quoi ? Je donnerai mon carnet IAS à l'aéroport pour qu'un douanier me le timbre.
Au delà de la question de fond, c'est la forme qui impressionne. Des volontaires, qui piochent des études sur pubmed, lisent les instructions du constructeurs en détail, développe une argumentation rationnelle sur l'utilisation du matériel... ça laisse songeur ! Faudra peut-être mettre à jour le cours TAU et téléphoner à la NAEMT.

Bibliographie


- Vidéo (C'est pas fameux mais ça donne des idées.)

lundi 18 juillet 2011

Cours à la station de Baabda.

Les thèmes abordés ce soir sont les traumatismes de la face et le traumatisme crânien. A l'aise blaise, ce sont des sujets que j'aborde au travers l'enseignement des algorithmes de la CORFA avec nos étudiants. La partie théorique est assurée par Diana. Certes elle n'est pas diplômée de l'IFFP mais elle à l'air d'assurer. Ne serait-ce par le biais de questions, lors de la répétition des gestes techniques (KED, coquille,ceinture pelvienne), on sent une certain assurance, une aisance naturelle à expliciter clairement les choses.
" J'ai une petite question " (à propos du bassin et de l'immobilisation). Je me méfie toujours des petites questions anodines, particulièrement quand il s'agit de BLS. Avec mon titre ronflant de consultant, trop confiant à propos du sujet je me lance dans une explication probablement confuse. Sa seule réponse un hochement de tête, avec un sourire gracieux bref la classe libanaise dans tout sa splendeur. Puis débute sa présentation qui est d'une clarté limpide. La classification de la sévérité d'un TCC avec une interprétation simple (mais pas simpliste) à l'aide du score de Glasgow et des signes cliniques me fait prendre conscience que de parler des heures de débit sanguin cérébrale, de pompes à sodium, de physiopathologie de l'œdème cytotoxique n'aidera en rien l'ambulancier le jour ou il sera face à ce type de patient.
Comment atteindre un niveau de synthèse pareil alors qu'on est avec des secouristes non professionnel ?
Et bien c'est aussi une particularité libanaise. Étonné du décalage entre  la petite question simple et la pertinence de cette présentation, je questionne cette formatrice sur parcours personnel, en dehors de la croix rouge, tant je suis impressionné par l'excellence de cette présentation.
Calmement, toujours avec le même sourire, elle me déroule son CV ; profession paramédicale, travail dans une unité spécialisé sur la rééducation des patients atteint de lésion du bassin ! De plus elle prépare une intervention dans le cadre d'un congrès sur l'intérêt de certaine procédure chirurgicales.

Ici, si tu n'as pas deux master, bonne chance pour trouver un job payé décemment. A nouveau on se sent con. Comment atteindre un niveau d'éducation pareil, tout en travaillant et en consacrant 80 heures par mois à la croix rouge libanaise ? On comprend aisément pourquoi la moyenne d'âges est relativement basse (à la louche 20 - 25 ans), ajouter à ce train de vie une famille, modifie les priorités, le volontariat résistant mal à ce genre d'exercice.

La réponse à toutes ces interrogations ferait pâlir n'importe quel syndicaliste. Et c'est Nabih qui m'a mis sur la piste. En effet, lors d'une discussion sur un autre projet de formation ou nous étions en train d'estimer le temps nécessaire à sa réalisation il m'a répondu : te fais pas de soucis, on va faire ça sur un petit week-end de 45 heures !?!?!
"Au delà du devoir" est vraiment un slogan qui caractérise bien la dynamique de cette équipe.

MTU (Mobile Training Unit)

Un des souhait des cadres était de profiter de ce projet pour uniformiser les pratiques de la croix rouge libanaise. Les instructeurs « formés » par nos soins se déplacent dans les 43 stations pour former à leur tour des formateurs. Pour ce faire, il a été décidé d’équiper quatre véhicules avec le matériel nécessaires pour l’organisation d’un cours.
Les deux premiers modèles sont en circulation depuis 2008.
Les deux suivants sont en construction. Sur un châssis IVECO, le volume étant assez important ceci permet de ranger mannequins, planche, écran et autre matériel pédagogique. Les meubles sont réalisés avec beaucoup de soins, en contreplaqué croisé béton.  L’objet des discussions du jour porte sur des aspects ergonomiques, de taille de rangements, de fixation du matériel. En effet, les dos d’ânes sont plutôt efficace par ici. Et à voir les lames de ressort des IVECO, si les resuci-anne sont mal fixées, va y avoir des blessés ! Alors quand Nabih lève l’index c’est que la question est tranchée.
A nouveau, je ne peux pas m’empêcher de faire des comparaisons avec notre institution. Quatre véhicules à but pédagogique pour des volontaires travaillant dans une organisation à but non lucratif le tout sur pied en un peu plus de 3 ans ! Et dire qu’il nous a fallu une année de négociation avec l’état pour acheter la première ambulance neuve en 20 ans d’existence de l’institution ! Mais comment font-ils?

samedi 16 juillet 2011

Support audio-visuel : LE DVD est sous presse !

Camera rolling ... Action !
Trois ans après le début de ce projet, travailler à la réalisation d’un DVD comprenant 35 techniques de soins, avec une équipe de tournage professionnel, avec une voix off et traduction français, anglais, arabe est une performance incroyable, qui si besoin était, prouve le dynamisme et la santé éclatante des acteurs du projet (principalement les instructeurs et les cadres).
La qualité du montage, de l’image et des gestes techniques exécutés rend la diffusion des messages clefs plus facile.

Et j’ai pas encore parlé du casting. Des stars de la station de Kornet Chewan (203) et Batroune (502).  Dire qu’on vient à peine de finir 24 grilles d’évaluation de technique de soins… en 7 ans. Mais comment font-ils?

vendredi 15 juillet 2011

Qu’est que tu fous là !

Dents du midi, Grand Combin, Mont Blanc, Florence, Split, Dubrovnik, les îles Grecs, Chypres le tout en Business avec au menu Caviar Saumon comme entrée, je réalise pas bien que je quitte la torpeur helvétique. A la vue des premiers buildings de Beyrouth, une question me traverse l’esprit : Qu’est que tu fous là alors que tu pourrais être peinard au bord’ul (bord du lac de Genève pour les non initiés).  Aux contrôles de sécurités, mon passeport est finement scruté par un douanier. Enfin... les pages tournent mais le regard du dit douanier est attiré par une superbe créature. Autant dire qu’à part la croix Suisse je pense qu’il est incapable de dire si mon passeport est encore valide. Cette nonchalance dans un endroit stratégique très disputé par les « partis » locaux me donne l’impression que dans tout ce bouillonnement de printemps arabes, le Liban est l’état le plus stable de la région. Slalom géant sur l’autoroute, chercher un poste de radio potable et téléphoner tout en nous souhaitant la bienvenu montre que notre conductrice a développé des compétences qui ferai mousser notre BPA  fédérale.
Les odeurs de grillades sortant de petites échoppes mélangées aux parfums des plantes aromatiques utilisées pour la salade fatouche ou le taboulé libanais stimulent les aires cérébrales du plaisir libérant un doux flot de dopamine. Ca y est ! Le charme opère et la question « mais qu’est que tu fout là » vient de faire place aux images de Beyrouth en pleine effervescent ; construction frénétique de bulding faisant face à l’indémolissable Holiday Inn encore marqué des stigmates de la guerre civile.

Planning
15 :30 atterrissage, 16 :00 accueil par Diana, 17 :00 sans passer par l’hôtel réunion hebdomadaires des instructeurs pour l’analyse du dernier cours mené par MC Nabih avec toujours autant d’aplomb, d’à propos et de charisme. Ca ressemble à nos séances pédagogiques mais en mieux. Ca y est, comme d'habitude il va falloir se faire au rythme de vie à la croix rouge libanaise. Soit des journée de 26 heures (par 35 degrés ou 10 degrés suivant qui tient la commande de la clim' ). Ca ressemble à nos tournus d'ateliers en plus long avec moins de pauses  !
Qu'importe la fatigue, le simple plaisir d'être là est plus efficace qu'un litre de café libanais.
Réunion à 180° : la dreamteam des instructeurs au boulot !